Aurélie GOSSELIN
Psychopédagogue et psychopraticienne
Diplômée en Neuropsychologie
psy cog pedagogique
Aurélie GOSSELIN
Psychopédagogue et psychopraticienne
Diplômée en Neuropsychologie

Eco-anxiété : 5 conseils pour mieux vivre le quotidien


Vous, ou l'un de vos proches, souffrez de solastalgie ou d'éco-anxiété. Les inquiétudes suscitées par le bouleversement climatique peuvent rapidement devenir envahissantes dans le quotidien en donnant lieu à des crises d'angoisses ou des comportements obsessionnels et compulsifs (TOC).

Sans nier les conséquences de la crise écologique et sans minimiser son impact dans un futur plus ou moins proche, retrouvez, dans cet article, quelques conseils pour retrouver un peu de sérénité dans le quotidien.

Sommaire

S'informer pour comprendre

  • Faire le tri
  • Identifier ses réactions

Gérer son anxiété au quotidien

  • Revenir à soi
  • Créer du lien

Passer à l'action

  • Agir à l'échelle individuelle
  • Soutenir le collectif

Choisir n'est pas forcément renoncer 

  • Accepter ce que l'on ne peut changer
  • S'autoriser à ne pas être parfait

Vivre l'instant présent

  • Se déconnecter...
  • ... Pour mieux se retrouver

Mobiliser ses ressources pour gérer son éco-anxiété, c'est possible !

Comme dans n'importe quel trouble anxieux, il est important d'identifier et de trouver des solutions adaptées pour un quotidien apaisé. Dans le cas de l'éco-anxiété, le sentiment d'être isolé avec ses préoccupations donne souvent l'impression de ne pouvoir compter que sur soi. Il est pourtant possible d'agir à différentes échelles

S'informer pour comprendre

En bref : L'éco-anxiété est nourrie par le flux d'informations, en particulier lorsque les évènements climatiques anormaux s'enchaînent. Sélectionner les sources d'informations permet déjà de se protéger. Dans le même temps, en s'informant sur les mécanismes psychologiques en jeu dans une situation de stress, il est possible de prendre du recul sur l'actualité.

Faire le tri

Les chaînes d'informations en continu, les journaux télévisés sont souvent sources d'angoisses pour les personnes éco-anxieuses. La crise climatique y est abordée à l'aune des catastrophes environnementales et de ses conséquences sur les populations. S'il est important de provoquer une prise de conscience collective, pour les personnes solastalgiques, ces images sont souvent difficiles à supporter. 

Heureusement, il est aujourd'hui possible de choisir ses sources d'informations, notamment grâce à la diversité des ressources proposées par Internet. Reporterre, Vert ou encore Vakita sont autant de médias indépendants et écologiques qui permettent de s'informer des mauvaises nouvelles comme des bonnes.

Souvent portés par des journalistes spécialistes et engagés, ces sites ont l'avantage de proposer un décryptage précis des différents évènements environnementaux et d'offrir de véritables clés de compréhension et de sensibilisation

Identifier ses réactions

Comprendre la crise écologique, c'est bien, mais se connaître soi-même, c'est encore mieux ! 

Ainsi, certaines études montrent que nous passons près de 47% de notre temps en vagabondage mental. Ce temps de « repos » pour notre cerveau est le plus souvent source de ruminations qui accentuent la perception négative que nous avons du monde et des différents évènements qui nous touchent. 

S'il est absolument nécessaire de laisser aller son esprit et d'accueillir ces temps de pause, savoir reconnaître les moments où ce vagabondage nous fait plus de mal que de bien permet aussi d'y mettre fin et de nous préserver mentalement. En apprenant à auto-réguler nos émotions, nous évitons la fatigue mentale liées à celles-ci et nous favorisons le passage à l'action. 

Gérer son anxiété au quotidien

En bref : La gestion de soi joue un grand rôle dans la façon dont nous appréhendons notre éco-anxiété. Au quotidien, des méthodes d'auto-régulation permettent d'apprendre à prendre soin de soi, de ses émotions pour retrouver un état d'esprit plus apaisé et positif face aux changements.

Revenir à soi

Les bouleversements climatiques peuvent déclencher des réactions émotionnelles intenses, particulièrement si elles s'accompagnent d'un constat d'impuissance et de découragement. Toutes les pratiques qui permettent de se concentrer sur l'instant présent : méditation, sophrologie, pleine conscience, cohérence cardiaque... ont des effets bénéfiques sur l'anxiété en limitant le flux de pensées négatives

D'autres pratiques permettent de canalyser son anxiété en s'offrant un moment à soi : art-thérapie, promenade dans la nature, journal de gratitude...

L'objectif en revenant à soi de la sorte est d'autoriser le vagabondage mental en l'orientant sur l'instant présent et/ou sur quelque chose de positif et source de bien-être.

Créer du lien

Le lien social joue un rôle très fort dans la régulation des émotions : des études montrent ainsi que les personnes ayant peu de liens sociaux souffrent d'un taux de cortisol plus élevé dans le cerveau, ce qui génère une plus mauvaise gestion du stress. 

Dans le cas de l'éco-anxiété, le fait de s'entourer d'autres personnes partageant les mêmes préoccupations permet de trouver un espace rassurant d'échanges et de soutien.

Par ailleurs, l'adhésion à un groupe permet également d'assumer plus facilement le costume d'éco-citoyen et d'éco-anxieux grâce au sentiment de validation que nous renvoient les autres membres du groupe. 

Passer à l'action

En bref : En favorisant un état d'esprit positif et combattif, il apparaît rapidement que le meilleur levier contre l'éco-anxiété est encore l'action ! Qu'il s'agisse d'actions individuelles ou d'une mobilisation collective à laquelle il nous tient à coeur de participer, tous les moyens sont bons pour agir en tant qu'éco-citoyen engagé. 

Agir à l'échelle individuelle

On le sait aujourd'hui : les moyens d'actions à l'échelle individuelle sont limités... et en même temps, infinis. Des éco-gestes qui nous semblent naturels, quasiment innés, ne le sont pas pour tous et il est toujours possible de montrer l'exemple aux enfants mais aussi à nos proches, à tout âge, et à tous les citoyens de manière générale. 

Des actions quotidiennes (trier ses déchets, économiser l'eau, éteindre les lumières...) à des choix plus conséquents et réfléchis (limiter les trajets en voiture, éviter de prendre l'avion, refuser les emballages, limiter la surconsommation...), il est toujours possible d'agir et de s'engager en changeant nos habitudes et en encourageant notre entourage à faire de même. 

La légende du colibri

La légende du colibri est une fable amérindienne qui nous invite à prendre conscience de l'importance de chaque geste et de chaque engagement dans une cause qui nous dépasse. 

Un jour, il y eut un immense incendie dans la forêt. Les animaux terrifiés assistaient impuissants au désastre. Tous, sauf le petit Colibri qui s'activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.

Au bout d'un moment, le Tatou, agacé par cette agitation dérisoire lui dit :

« Colibri, tu n'es pas fou ? Ce n'est pas avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu. »

Et le colibri lui répondit : « Je sais mais je fais ma part » 

Soutenir le collectif

Cette légende du colibri est aujourd'hui remise en question par certains militants qui estiment qu'elle est culpabilisante et qu'elle permet de se donner bonne conscience. S'il est vrai que certaines initiatives individuelles ont un impact limité, d'autres mises bout à bout et soutenues par le collectif peuvent au contraire permettre de faire la moitié du chemin

Soutenir les actions collectives est donc une bonne manière de mettre à profit son éco-colère.

Il existe plusieurs façons de s'engager : participer à des manifestations pacifiques pour le climat, soutenir financièrement des organismes écologiques ou encore faire du bénévolat en sont quelques exemples.

Choisir n'est pas forcément renoncer

En bref : La cause écologique est vaste et multidimensionnelle. Pour préserver sa santé mentale et ne pas se décourager, il est important de choisir ses batailles sans se disperser et en acceptant qu'il n'y a pas de honte à ne pas être parfait ou à déroger, exceptionnellement, à sa ligne de conduite. En s'imposant une pression inutile et contreproductive, on prend le risque de renoncer. 

Accepter ce que l'on ne peut pas changer

S'engager en tant qu'éco-citoyen, c'est accepter les limites de l'action individuelle et en faire son parti. A cette échelle, il est possible de faire des choix à fort impact écologique en consommant moins ou mieux, en amenant ses propres contenants chez le commerçant ou en prenant le vélo plutôt que la voiture. Pour autant, il est plus difficile, en vivant en France et même en choisissant la bonne crème solaire, de s'engager dans la protection de la barrière de corail ou dans la lutte contre le braconnage des tortues

Faire sa part, c'est accepter que d'autres soient là pour faire la leur ailleurs. C'est accepter aussi que certaines actions, à grande échelle, dépendent des pouvoirs politiques en place et nécessitent un engagement d'envergure. Il ne s'agit pas de renoncer mais de faire de son mieux, individuellement et collectivement

S'autoriser à ne pas être parfait

Pour faire au mieux et ne pas supporter une pression psychologique qui viendrait s'ajouter à celle de l'éco-anxiété, il est important aussi de savoir renoncer. Il est possible d'être un éco-citoyen engagé mais d'être obligé, exceptionnellement, de prendre l'avion ou de goûter le plaisir d'un bon bain après une longue journée. 

L'auto-bienveillance ou l'auto-indulgence sont des clés dans la gestion de l'éco-anxiété. Faire preuve d'un peu d'égoïsme et de tempérance dans la lutte contre le réchauffement climatique offre la possibilité de profiter de moments heureux et de retrouver un peu d'insouciance malgré la nature qui souffre. 

Vivre l'instant présent

En bref : L'éco-anxiété est avant tout une forme de stress pré-traumatique, une angoisse du futur et du monde incertain dans lequel nous allons devoir vivre. Revenir au moment présent pour le savourer pleinement est encore le meilleur moyen de s'échapper, pour un temps, des angoisses qui nous rongent et de profiter de ce que la vie a à nous offrir. 

Se déconnecter...

Les journaux d'informations et la télévision ne constituent plus, aujourd'hui, le seul moyen de connexion au monde extérieur. Les réseaux sociaux et Internet occupent une part importante de notre quotidien et nous donnent un sentiment d'hyper-connexion qui nous épuise et nous prive de notre temps libre. Par ailleurs, certains réseaux sociaux peuvent se montrer particulièrement anxiogènes pour la personne éco-anxieuse confrontée à un flux continu de vidéos catastrophes ou à des propos climato-sceptiques.

Se défaire des réseaux sociaux, limiter notre usage du numérique (qui a un impact écologique conséquent également : la pollution numérique produit ainsi deux fois plus de CO2 que le secteur civil aérien) sont des moyens efficaces de préserver sa santé mentale et de retrouver le goût de vivre le moment présent avec ses proches ou en pleine nature. 

... Pour mieux se retrouver

Des études ont démontré récemment que l'exposition à la nature réduirait le risque de dépression ou de troubles anxieux. Le retour à la nature apparaît donc comme un moyen efficace de gérer son éco-anxiété. Par ailleurs, le fait de retrouver le goût de l'observation de la faune et de la flore permet de s'émerveiller encore et toujours des beautés et des miracles dont la nature est capable et de retrouver un peu d'espoir et d'optimisme pour l'avenir. 

En prenant le temps de nous réconcilier avec nous-même, avec nos émotions et avec la Terre, il semble qu'il n'appartienne qu'à nous de choisir d'être heureux et de profiter de ce que le monde a à nous offrir en faisant de notre éco-anxiété un moyen d'accomplissement personnel et de résilience individuelle et collective. 

Sources de l'article

Dr DESBIOLLES Alice, Faire de son éco-anxiété un moteur de changement, Poche Marabout, 2020, ISBN : 9782501176538

SAINT-JEAN Karine, Apprivoiser l'éco-anxiété, Les éditions de l'Homme, 2021, ISBN : 9782761955799


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